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( Walf Fadjiri / Mercredi 01 Août 2007 )

Bathie Ngoye THIAM, écrivain : Les libraires africains ne nous font pas lire

Le Parricide, les Nouvelles fantastiques sénégalaises et Adina mon amour, tels sont les trois ouvrages que l'écrivain sénégalais Bathie Ngoye Thiam a présentés le samedi 28 juillet 2007 à la Maison de la culture Douta Seck. Dans l'entretien qui suit, l'écrivain déplore la lenteur voire l'inexistence de publication des maisons d'édition au Sénégal et regrette la rareté des commandes de livres par les librairies. Mais Bathie Ngoye revient d'abord sur le contenu de ses ouvrages.


Bathie Ngoye THIAM : Le Parricide et les Nouvelles fantastiques sénégalaises sont des œuvres axées sur l'univers traditionnel et j'espère qu'ils vont contribuer à conserver nos valeurs africaines. J'ai grandi au Baol dans un Sénégal qui n'existe plus ou qui tend à ne plus exister. Un Sénégal où il y avait certaines valeurs qui, de nos jours, disparaissent. Et comme je vis à l'étranger depuis vingt-sept ans maintenant, mais je viens régulièrement au Sénégal, donc, je me rends compte des changements. D'autant plus que le souvenir que j'ai du Sénégal, c'est le Sénégal de mon enfance. Et il y a quand bien même cette nostalgie qui existe vraiment en moi. Aussi, je remarque que les jeunes de la génération de vingt à 25 ans ou plus, quand j'en rencontre et que je leur raconte ce qui se passait, (ils) ne savent même pas que cela a existé au Sénégal. Je me dis : tiens ce serait dommage qu'on oublie tout cela ! En plus, j'ai constaté que mes enfants étaient très intéressés par mes histoires de jeu d'enfance que je leur racontais. Je me suis donc dit, pourquoi ne pas conserver cela par écrit. Mais, ceci n'est qu'un prétexte pour aborder d'autres sujets dans Le Parricide et les Nouvelles fantastiques sénégalaises.

Qu'en est-il d'Adina mon Amour ?

Adina mon amour, c'est une pièce de théâtre qui date de 1990. A l'époque, j'étais dans une petite ville en France où j'avais créé une troupe de théâtre. J'écrivais les textes, je faisais la mise en scène et j'étais aussi acteur. Au cours de l'année, il m'arrivait d'écrire sept à huit pièces. Mais Adina mon amour et Le Prince artiste, qui sont sortis de ces écrits, étaient, à mon avis, les meilleurs. Cependant, le but n'était pas de les publier. J'écrivais juste sur du papier, ensuite je fais des photocopies que je donnais aux acteurs. Chacun apprenait son rôle et on jouait. Mais il y a un an de cela, comme mes textes étaient encore dans mes tiroirs, je me suis dit, je ne perds rien en les envoyant à un éditeur. J'ai donc choisi ces deux pour les envoyer. Et ils ont été publiés. Adina mon amour parle donc d'un terrible chagrin d'amour que j'avais à l'époque. Il fallait me voir, j'étais lamentable. Et un jour, j'étais assis à la terrasse d'un café et l'idée m'est venu de parler. J'ai pris un papier et je me parlais à moi-même. Et quand j'ai terminé et que je me suis levé pour partir, j'ai vu un ami qui était juste en face du café. Il jouait du piano. Je suis allé le voir pour lui proposer le texte que j'ai lu et qu'il a accompagné avec une mélodie improvisée. Nous l'avons enregistrée. J'ai trouvé que ce n'était pas mal et qu'on pouvait mettre cela sur scène. Après, j'avais le sentiment que mon chagrin d'amour était parti en vacances à chaque fois que je montais sur scène.

Publier trois ouvrages a certainement nécessité d'énormes tractations pour trouver des maisons d'édition. Comment vous y êtes pris ?


Cette fois-ci, je dois dire que j'ai eu beaucoup de chance. Parce qu'il y en avait d'autres que j'ai essayés de faire publier au Sénégal, mais cela n'a pas marché. Du moins, ils (Ndlr, les éditeurs) disent oui, mais après le livre ne sort pas. En 2005, comme j'écrivais les Nouvelles fantastiques sénégalaises, (je souligne au passage que j'étais à l'époque au Sénégal et que j'avais cette idée depuis longtemps) j'ai donc envoyé le manuscrit aux éditions L'Harmattan. A l'époque, le titre c'était Leuk Dawour Mbaye. Et immédiatement, la maison d'édition m'a répondu pour dire qu'elle accepte mais il faudrait que je change de titre. Parce qu''il est bizarre'. Et ce sont les membres du comité de lecture qui m'ont proposé Nouvelles fantastiques sénégalaises. Je me suis dit que ce titre est quand bien même très prétentieux. Mais ils m'ont répondu que c'est plus facile à comprendre. Et comme ils ont finalement accepté, j'ai aussi envoyé Le Parricide que j'ai écrit depuis très longtemps. Ils ont publié les deux livres le même jour.


Quand ils ne trouvent pas de maison d'édition au Sénégal, les écrivains ont tendance à aller chercher ailleurs. Pensez-vous que c'est la meilleure solution ?


Je pense que c'est aux maisons d'édition de faire un effort. Parce que mon rôle, à moi, c'est d'écrire mon livre et de le soumettre à une maison d'édition. Si des maisons d'édition comme les Nouvelles éditions africaines du Sénégal (Neas) acceptent de publier un manuscrit et se mettent à traîner les pieds, on n'y comprend plus rien. J'en parle, parce que cette maison a accepté un de mes manuscrits qui devrait faire l'objet d'un roman en 2003. La maison l'a mis dans son catalogue de 2004. Aujourd'hui, nous sommes maintenant en 2007 et le bouquin n'est toujours pas sorti. Et je crois qu'il ne sortira jamais. Alors, si je veux vraiment publier, qu'est-ce que vous voulez que je fasse ? Je ne vais pas attendre vingt ans. Donc, il faut que j'aille chercher ailleurs. Aussi, les librairies qui officient dans le marché local ne passent pas les commandes. Puisqu'il y a beaucoup de gens qui m'ont dit qu'ils ont été au 4 Vents ou à Clairafrique pour demander des bouquins et ils reviennent les mains vides. Parce qu'il n'y a pas de commandes ou que les bouquins n'arrivent pas. Je prends donc moi-même mes livres et je les ramène au Sénégal. Je suis parti à Paris, j'ai acheté mes bouquins et c'est avec ces ouvrages que je suis venu pour organiser la cérémonie de présentation de ce 28 juillet à la Maison de la culture Douta Seck. Parce que les libraires ne les avaient pas. Et si je dois attendre que ces livres soient en librairie pour essayer de faire leur promotion au Sénégal, cela ne se fera jamais.


Quels sont vos souhaits pour le développement de l'édition au Sénégal ?


Des auteurs, on en a. Nous avons aussi des gens qui veulent lire. Ce n'est pas ce qui manque, mais il faut que les livres soient publiés. Et c'est cela le problème. Ce n'est pas à moi de m'en occuper, je crois. Mais en tout cas, si les éditeurs (sénégalais) ne publient pas je vais chercher ailleurs.


Bathie Ngoye Thiam, c'est aussi cette plume qui s'affirme à travers des contributions dans les colonnes de la presse. Quels sont les sujets qui vous inspirent à écrire ?


Mes contributions sont liées à l'actualité. Actuellement, c'est Wade qui reçoit le parti de l'ancien Premier ministre, Idrissa Seck, Rewmi… Il y a récemment eu la visite de Nicolas Sarkozy, mais je ne suis pas encore assez informé. Si j'avais le temps, c'est sûr que j'aurais dit ce que j'en pense. Je suis donc l'actualité de mon pays. Et je donne juste mon point de vu. Je ne fais pas de leçons. Je ne dis pas que j'ai raison. Je pense avoir le droit et le devoir de dire ce que je pense tant que j'ai la liberté et les possibilités.

Propos recueillis par Joseph DIEDHIOU


Source: Walfadji


Mercredi 01 Août 2007




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( Walf Fadjiri / Mercredi 01 Août 2007 )

Bathie Ngoye THIAM, écrivain : Les libraires africains ne nous font pas lire

Le Parricide, les Nouvelles fantastiques sénégalaises et Adina mon amour, tels sont les trois ouvrages que l'écrivain sénégalais Bathie Ngoye Thiam a présentés le samedi 28 juillet 2007 à la Maison de la culture Douta Seck. Dans l'entretien qui suit, l'écrivain déplore la lenteur voire l'inexistence de publication des maisons d'édition au Sénégal et regrette la rareté des commandes de livres par les librairies. Mais Bathie Ngoye revient d'abord sur le contenu de ses ouvrages.


Bathie Ngoye THIAM : Le Parricide et les Nouvelles fantastiques sénégalaises sont des œuvres axées sur l'univers traditionnel et j'espère qu'ils vont contribuer à conserver nos valeurs africaines. J'ai grandi au Baol dans un Sénégal qui n'existe plus ou qui tend à ne plus exister. Un Sénégal où il y avait certaines valeurs qui, de nos jours, disparaissent. Et comme je vis à l'étranger depuis vingt-sept ans maintenant, mais je viens régulièrement au Sénégal, donc, je me rends compte des changements. D'autant plus que le souvenir que j'ai du Sénégal, c'est le Sénégal de mon enfance. Et il y a quand bien même cette nostalgie qui existe vraiment en moi. Aussi, je remarque que les jeunes de la génération de vingt à 25 ans ou plus, quand j'en rencontre et que je leur raconte ce qui se passait, (ils) ne savent même pas que cela a existé au Sénégal. Je me dis : tiens ce serait dommage qu'on oublie tout cela ! En plus, j'ai constaté que mes enfants étaient très intéressés par mes histoires de jeu d'enfance que je leur racontais. Je me suis donc dit, pourquoi ne pas conserver cela par écrit. Mais, ceci n'est qu'un prétexte pour aborder d'autres sujets dans Le Parricide et les Nouvelles fantastiques sénégalaises.

Qu'en est-il d'Adina mon Amour ?

Adina mon amour, c'est une pièce de théâtre qui date de 1990. A l'époque, j'étais dans une petite ville en France où j'avais créé une troupe de théâtre. J'écrivais les textes, je faisais la mise en scène et j'étais aussi acteur. Au cours de l'année, il m'arrivait d'écrire sept à huit pièces. Mais Adina mon amour et Le Prince artiste, qui sont sortis de ces écrits, étaient, à mon avis, les meilleurs. Cependant, le but n'était pas de les publier. J'écrivais juste sur du papier, ensuite je fais des photocopies que je donnais aux acteurs. Chacun apprenait son rôle et on jouait. Mais il y a un an de cela, comme mes textes étaient encore dans mes tiroirs, je me suis dit, je ne perds rien en les envoyant à un éditeur. J'ai donc choisi ces deux pour les envoyer. Et ils ont été publiés. Adina mon amour parle donc d'un terrible chagrin d'amour que j'avais à l'époque. Il fallait me voir, j'étais lamentable. Et un jour, j'étais assis à la terrasse d'un café et l'idée m'est venu de parler. J'ai pris un papier et je me parlais à moi-même. Et quand j'ai terminé et que je me suis levé pour partir, j'ai vu un ami qui était juste en face du café. Il jouait du piano. Je suis allé le voir pour lui proposer le texte que j'ai lu et qu'il a accompagné avec une mélodie improvisée. Nous l'avons enregistrée. J'ai trouvé que ce n'était pas mal et qu'on pouvait mettre cela sur scène. Après, j'avais le sentiment que mon chagrin d'amour était parti en vacances à chaque fois que je montais sur scène.

Publier trois ouvrages a certainement nécessité d'énormes tractations pour trouver des maisons d'édition. Comment vous y êtes pris ?


Cette fois-ci, je dois dire que j'ai eu beaucoup de chance. Parce qu'il y en avait d'autres que j'ai essayés de faire publier au Sénégal, mais cela n'a pas marché. Du moins, ils (Ndlr, les éditeurs) disent oui, mais après le livre ne sort pas. En 2005, comme j'écrivais les Nouvelles fantastiques sénégalaises, (je souligne au passage que j'étais à l'époque au Sénégal et que j'avais cette idée depuis longtemps) j'ai donc envoyé le manuscrit aux éditions L'Harmattan. A l'époque, le titre c'était Leuk Dawour Mbaye. Et immédiatement, la maison d'édition m'a répondu pour dire qu'elle accepte mais il faudrait que je change de titre. Parce qu''il est bizarre'. Et ce sont les membres du comité de lecture qui m'ont proposé Nouvelles fantastiques sénégalaises. Je me suis dit que ce titre est quand bien même très prétentieux. Mais ils m'ont répondu que c'est plus facile à comprendre. Et comme ils ont finalement accepté, j'ai aussi envoyé Le Parricide que j'ai écrit depuis très longtemps. Ils ont publié les deux livres le même jour.


Quand ils ne trouvent pas de maison d'édition au Sénégal, les écrivains ont tendance à aller chercher ailleurs. Pensez-vous que c'est la meilleure solution ?


Je pense que c'est aux maisons d'édition de faire un effort. Parce que mon rôle, à moi, c'est d'écrire mon livre et de le soumettre à une maison d'édition. Si des maisons d'édition comme les Nouvelles éditions africaines du Sénégal (Neas) acceptent de publier un manuscrit et se mettent à traîner les pieds, on n'y comprend plus rien. J'en parle, parce que cette maison a accepté un de mes manuscrits qui devrait faire l'objet d'un roman en 2003. La maison l'a mis dans son catalogue de 2004. Aujourd'hui, nous sommes maintenant en 2007 et le bouquin n'est toujours pas sorti. Et je crois qu'il ne sortira jamais. Alors, si je veux vraiment publier, qu'est-ce que vous voulez que je fasse ? Je ne vais pas attendre vingt ans. Donc, il faut que j'aille chercher ailleurs. Aussi, les librairies qui officient dans le marché local ne passent pas les commandes. Puisqu'il y a beaucoup de gens qui m'ont dit qu'ils ont été au 4 Vents ou à Clairafrique pour demander des bouquins et ils reviennent les mains vides. Parce qu'il n'y a pas de commandes ou que les bouquins n'arrivent pas. Je prends donc moi-même mes livres et je les ramène au Sénégal. Je suis parti à Paris, j'ai acheté mes bouquins et c'est avec ces ouvrages que je suis venu pour organiser la cérémonie de présentation de ce 28 juillet à la Maison de la culture Douta Seck. Parce que les libraires ne les avaient pas. Et si je dois attendre que ces livres soient en librairie pour essayer de faire leur promotion au Sénégal, cela ne se fera jamais.


Quels sont vos souhaits pour le développement de l'édition au Sénégal ?


Des auteurs, on en a. Nous avons aussi des gens qui veulent lire. Ce n'est pas ce qui manque, mais il faut que les livres soient publiés. Et c'est cela le problème. Ce n'est pas à moi de m'en occuper, je crois. Mais en tout cas, si les éditeurs (sénégalais) ne publient pas je vais chercher ailleurs.


Bathie Ngoye Thiam, c'est aussi cette plume qui s'affirme à travers des contributions dans les colonnes de la presse. Quels sont les sujets qui vous inspirent à écrire ?


Mes contributions sont liées à l'actualité. Actuellement, c'est Wade qui reçoit le parti de l'ancien Premier ministre, Idrissa Seck, Rewmi… Il y a récemment eu la visite de Nicolas Sarkozy, mais je ne suis pas encore assez informé. Si j'avais le temps, c'est sûr que j'aurais dit ce que j'en pense. Je suis donc l'actualité de mon pays. Et je donne juste mon point de vu. Je ne fais pas de leçons. Je ne dis pas que j'ai raison. Je pense avoir le droit et le devoir de dire ce que je pense tant que j'ai la liberté et les possibilités.

Propos recueillis par Joseph DIEDHIOU


Source: Walfadji


Mercredi 01 Août 2007




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