(Wal Fadjri, 28 janvier 2008)
Fin juillet 2007, le journaliste Abdou Latif Coulibaly frappe encore en sortant un livre intitulé « Loterie nationale sénégalaise - Chronique d’un pillage organisé ». Comme l’on pouvait s’y attendre, le directeur général de la Lonase, société d’Etat, donc appartenant aux Sénégalais, porte plainte. Depuis, on attend le verdict, le procès étant sans cesse reporté à une date ultérieure.
Que dit Latif dans son livre qui mérite d’être traduit dans toutes les langues nationales et lu sur les places publiques, avec des haut-parleurs ? Monsieur le directeur général de la Lonase se serait enrichi, aurait enrichi ses proches et aurait partagé le butin avec son chef de parti, le président de la République. Abdou Latif nous apprend que Baïla Wane fut viré de la direction de la Lonase parce que… devinez quoi… l’argent s’évaporait. On vire un voleur au lieu de le mettre en prison et en plus on lui donne 80 millions de nos francs. Et c’est Macky Sall, alors Premier ministre qui l’aurait aidé à recevoir cette somme. Du jamais vu.
Ensuite, Wade remit Baïla Wane à son poste. Encore du jamais vu. A Bouki, on confie les « seel ». Cette fois, c’est dans un but précis. Le lecteur comprend au bout de quelques pages que Monsieur Wane ayant montré son habileté à voler l’argent du pays, le président Wade lui aurait dit, en gros : « Reprends ta place. Vole comme tu veux, mais donne-moi s’en une part. » Conscient que « la lutte contre la corruption est un impératif catégorique s’imposant à nous tous », Abdou Latif explique, chiffres à l’appui, comment le pillage est organisé, ce qui lui vaut des convocations au tribunal. Eh oui ! Maintenant, les larrons portent plainte contre ceux qui crient : « Au voleur ! »
Accusé d’avoir les mains sales, le ministre de l’Intérieur a porté plainte contre les journalistes qui ont publié la lettre anonyme des policiers et réclame 800 millions. Eh bien ! Djibo Ka aussi, cité dans une affaire de trafic de drogue, avait porté plainte. Assane Ndoye doit attendre le bon moment, lui qui n’aurait que le Dfem et serait impliqué dans des affaires bien louches, mais s’est retrouvé dans la peau du policier le plus gradé du pays.
Nous voulons la vérité, rien que la vérité, toute la vérité sur ces affaires et sur bien d’autres à venir.
La Commission nationale de lutte contre la corruption, à qui Abdou Latif a adressé sa « lettre », doit faire son travail. Mais, qui te prête des yeux te dit où tu dois regarder. C’est Wade qui a créé cette commission, on sait donc à quoi s’attendre. Pauvre Sénégal !
Bathie Ngoye Thiam.