(Wal Fadjri, 15 mai 2006)
Imaginez une équipe de foot où le brassard de capitaine change
de bras après chaque défaite, comme si cela pouvait donner des
victoires. C’est ce qui se passe sur la scène politique sénégalaise
et risque de perdurer.
Depuis 1960, il n’y a pratiquement que la tête du président
qui change. Ce sont presque toujours les mêmes ministres que l’on
voit entrer et sortir, chacun avec sa bande de collaborateurs et de courtisans.
Nous avons des politiciens qui ne peuvent rien faire d’autre que d’être
dans le gouvernement, peu importe qui dirige. Sous Senghor, sous Diouf, sous
Wade, sous le futur chef d’État, peu importe pourvu qu’ils
y trouvent leurs intérêts. Ils sont des dirigeants à vie.
Il est évident que ces gens-là ne pensent pas à servir
le peuple, mais à se servir du peuple par le biais de l’État.
Ils ont eu des responsabilités et ont montré leur incapacité
à gérer les affaires du pays. Pour ce qui est des programmes,
ils gagneraient du temps à en faire un seul et le photocopier, car
ils nous tiendront le même discours. Redressement national, bonne gouvernance,
transparence…
Il nous faut du sang neuf. Pour cela, il faut absolument que ceux qui se disent
apolitiques prennent leurs responsabilités pour qu’un vrai changement
puisse se produire. Se dire apolitique dans l’état actuel du
Sénégal, me fait penser à un esclave qui, au lieu de
chercher à briser ses chaînes, déclare : « L’esclavage
ne m’intéresse pas. »
Les dizaines de partis minuscules ont intérêt à s’unir
si vraiment leur but est de servir la Nation. On en a marre des dirigeants
qui retournent sans cesse leurs vestes.
Maintenant, on veut nous faire croire qu’il faudra choisir Idy ou Wade,
deux faces d’une même pièce. Certains journalistes jouent
bien le jeu. Consciemment ou inconsciemment, je ne saurais vous dire. Mais
vouloir diviser les Sénégalais en pro-Wade et pro-Idy, c’est
manquer de respect aux autres candidats et au peuple à qui on semble
imposer le Pds de l’un ou le Pds de l’autre. N’y a-t-il
pas d’autres partis ?
Pourquoi veut-on coûte que coûte nous imposer Idrissa Seck, l’homme
qui, accusé d’être impliqué dans le scandale de
la Sonatel.com, dans de douteuses importations de voitures, des transferts
massifs de fonds en Europe, en Australie, aux Etats-Unis, des acquisitions
immobilières à Paris, à Lille, aux USA, à Dakar
et à Thiès, sans parler des fameux chantiers, alors qu’il
n’avait rien avant l’alternance, ne trouve pour se défendre
que des versets du Coran et « l’extinction du soleil » ?
Si Idy arrive à réaliser son rêve de devenir président
- ce que je ne souhaite pas tant qu’on ne saura pas où sont passés
nos milliards -, on connaît déjà certains de ses futurs
ministres qui ont déjà été ministres. Toujours
la même équipe. Est-ce cela qu’on appelle un changement
de régime ?
Il est grand temps que les vrais patriotes se lèvent pour sauver notre
cher Sénégal.
Et pendant qu’on y est, pourquoi pas une femme à la magistrature
suprême ?
Bathie Ngoye Thiam