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DE GRACE, IDY, UN PRESIDENT NOUS SUFFIT !

(Wal Fadjri, 06 avril 2006)

Il y a quelques jours de cela, il n’était ni le chef d’un parti politique ni un candidat à la candidature, mais il se sentait déjà dans la peau d’un président de la République. Il, c’est évidemment notre Idy national, l’ancien détenu accusé d’avoir détourné nos milliards de francs. La preuve, c’est le 4 avril, anniversaire de l’indépendance, qu’il a choisi pour s’adresser à la nation. Jour unique, choisi exprès. Et le lendemain il fit la Une de la quasi-totalité des quotidiens. C’est sûr qu’il sait bien manipuler les médias ou alors les médias lui rendent bien service. Mais le peuple n’est pas dupe. Qu’est qu’une déclaration d’Idrissa Seck a de si spécial ? On lui donne vraiment trop d’importance.
Les journaux et les bulletins d’information des radios (vu que la télé est la propriété privée de Wade) ne cessaient de faire allusion à la sortie imminente de ce CD, nous tenant en haleine, comme si nous attendions l’arrivée du Messie.
Après avoir ravi la vedette à tous les imams, ce vendredi où il nous servit son « khoutba » (sermon) « LUI ET MOI », il semble vouloir nous prouver qu’il peut aussi la ravir au chef de l’État, président de tous les Sénégalais. Est-ce pour mesurer sa côte de popularité ou se prend-il déjà pour celui qui dirige notre nation ?
Il a fallu attendre que Wade finisse sa partition (le défilé qui faisait ronfler Bongo) pour voir celui qui se veut futur président entrer en scène. Avons-nous deux chefs d’État ? Pour qui se prend-il, celui-là ? De Gaule lançant l’appel du 18 juin ? Où est le respect pour la République ?
Il commence, comme d’habitude, en imam, en wolof, soulignant les difficultés que subit le peuple, comme s’il n’avait pas contribué à les créer, lui, l’ex bras droit de Wade.
Mais la montagne a accouché d’une souris. Nous mettre Yandé Codou à la fin du discours, comme pour singer Senghor, n’y a changé rien. Il nous a annoncé sa candidature qui ne nous a point surpris. Il n’a plus le choix. Il est évident que depuis des années, il n’a qu’un seul but : le pouvoir. Il n’y est pas arrivé sous Wade, donc il veut passer par l’opposition, lui qui, pendant quatre ans, a combattu cette même opposition. Ce pouvoir, il le veut par tous les moyens, quitte à pactiser avec le diable, tout en nous endormant avec ses versets de Coran et ses entretiens avec les guides religieux alors que la justice est toujours à ses trousses.
Le peuple, lui, ne se pose qu’une question : « Où sont passés les milliards ? » Et jusqu’ici Idy, qui se veut quatrième président, évite d’y répondre. Dans son discours en wolof, il déclare avoir une solution aux problèmes du pays, mais c’est dans le futur qu’il annonce ne pas s’attendre à un salaire autre que celui que Dieu lui accordera. En gros, il n’a pas dit « je n’ai pas volé », mais « je ne volerai pas. » Idy, avouez que ce n’est pas clair du tout.
Et comme si cela ne suffisait pas, il veut nous faire croire que Wade prétend l’avoir créé de même que Dieu a créé Adam. Idy, notre cher Idy national, même les détracteurs les plus féroces de Buur Saalum savent qu’il a juste voulu dire qu’il vous a formé, ce que vous ne saurez nier. C’est une bassesse et une mauvaise foi de chercher à le traduire autrement. Pardonnez-moi si je suis cru, mais la vérité est du piment… Même s’il dit qu’il sera réélu en 2007, sans ajouter inch’Allah, Wade ne se prend pas pour Dieu. Trouvez donc autre chose pour le descendre. Ce coup bas est condamné par l’arbitre qu’est le peuple qui veut juste savoir où sont passés ses milliards.
Dans son discours en français, qui est complètement différent de celui en wolof, Idy dit avoir un projet de redressement national, croyant que les Sénégalais porteront leur choix sur lui, et demandant à l’opposition patriotique de se ranger derrière lui. Il dit clairement qu’il n’y a pas eu de deal avec Wade pour sa sortie de taule, mais rien de clair sur les milliards.
Et le « saint » a choisi de démarrer sa campagne après le Maouloud (célébration de la naissance du Prophète), une autre date symbolique. Qui cherche-t-il à berner ou de qui se moque-t-il ?
On se souvient de Mara déclarant : « Je ne me présenterai jamais contre Wade. » En voilà une manière de tenir sa parole. Qui peut encore faire confiance à un tel homme ? Tout comme me direz-vous, qui peut encore faire confiance à Wade qui avait promis de ne jamais lui faire de mal ?
En tout cas, l’opposition n’a pas attendu Idrissa Seck pour se rassembler. Et, « en vérité, en vérité, je vous le dis », si demain Wade dit « Mara, reviens au Pds, ta famille naturelle, et tu seras candidat à ma place », Idy, qui se croit déjà maître du pays, tournera le dos à l’opposition qu’il matera une fois au pouvoir.

Bathie Ngoye Thiam



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