(LE SOLEIL, 24 avril 2004)
C’était quelqu’un qui, quand il était en mission,
parcourant des centaines de kilomètres à travers le pays, disait
souvent à son chauffeur « : « Vous êtes fatigué,
laissez-moi prendre le volant ». Cela lui fut fatal en cette nuit du
16 avril 2004. Je parle, bien entendu, du Colonel Bamalick Ndiour. Les journaux
disent de lui : « un chef qui a presque connu tous les honneurs de son
corps » ou encore : « l’administration sénégalaise
a perdu en Bamalick Ndiour un grand serviteur de la Nation. »
N’ayant connu l’homme qu’à travers sa progéniture
et une conversation téléphonique, je préfère laisser
la parole à l’Adjudant-chef à la retraite, Atoumane Seck,
ami et cousin du défunt, qui a passé, avec lui, une trentaine
d’années dans la Gendarmerie. « C’était un
grand commandeur, un chef d’une sensibilité extrême. En
matière de commandement et de compétence, il n’avait pas
d’égal. Une référence. Il traitait ses subordonnés
avec respect. Je me souviens de ce qu’il avait fait, quand mourut le
sous-Lieutenant Ndaw. Il avait mobilisé tout l’escadron pour
lui rendre des obsèques inoubliables. Maintenant, il est parti à
son tour, mais je ne vais pas le pleurer, parce que j’ai reçu
la réponse par la marée humaine qui l’a accompagné
à sa dernière demeure. Les gens lui ont rendu une partie de
ce qu’il a donné. Il fallait être sur place pour s’en
rendre compte. La mort de « Soufy » (c’est ainsi qu’on
l’appelait quand il jouait au foot sous les couleurs de l’ASFA)
reste une grande leçon…»
Toute mort est tragique, surtout quand elle est accidentelle. Je pense aux
petits-enfants qui auront à se contenter de ces mots : « Votre
grand-père fut un homme exemplaire. » Et je pense surtout à
ses enfants qui auraient tellement voulu lui dire un jour : « Père,
tu as semé ceci pour nous, voilà la récolte. »
Pleure donc, Ndèye Codou, fille aînée du disparu, pour
que je m’abreuve de tes larmes et partage ainsi ta douleur. A toi et
aux tiens, je présente mes condoléances.
Que Dieu le Miséricordieux l’accueille dans Son Paradis !
BATHIE NGOYE THIAM