NOUVEAU TYPE DE MARABOUT : SERIGNE CHEIKH SIDY MOKHTAR MBACKE, JËRËJËF ! IL ETAIT TEMPS !
(Wal Fadjri, 31juillet 2012.
Le Quotidien, 02 août 2012)
Y a pas à dire, il faut être khalife général pour déplacer des montagnes. Le glas semble sonner pour les Gargantua friands de deniers publics. Que n’a-t-on pas vu et entendu, depuis des lustres, entre nos dirigeants temporels et nos autorités spirituelles ? Argent ! Argent ! Argent ! Rapports ténébreux. Deals de toutes sortes. O scandales ! Des centaines de millions de nos francs, voire des milliards, « xobeet-xobeet » par-ci, des voitures de luxe par-là, des terrains, des passeports diplomatiques…
Pour bénéficier de ces privilèges pas très catholiques mais fort tentants, des marabouts hameçonnent les prédateurs de voix électorales en usant de leurs « taalibe » comme appât. « Moi, j’en ai quatre millions… », « Moi, je peux remplir un stade... » Démonstrations de force. Chantage. Retournements incessants de boubous. Discours peu vertueux. Certains dignitaires en perdent leur dignité. Le « ndigël », explicite ou implicite, suivi ou non, demeure le sacré Graal et se négocie au prix fort.
Les biens de tous se retrouvent occultement ou sous nos yeux impuissants entre les mains d’une poignée individus. « Wooy Wallooy ! » crient des ventres affamés pendant que d’autres vont, sous la table, se goinfrer des miettes de ce qui est leur est dû.
N’est-il pas temps de ne plus « distribuer de l’argent aux marabouts » ? Oh que si, Khalife général des mourides ! Oui, il faut « privilégier l’intérêt général au détriment des cas particuliers ». Si des prières s’y ajoutent sans aucun but lucratif, le pays ira certes de l’avant.
Souhaitons que tous les khalifes généraux tiennent ce même langage destiné à la classe politique et aussi à la classe maraboutique, pour mettre fin au partage indu du butin et atténuer les souffrances des populations. Il faut un nouveau type de dirigeants temporels et un nouveau type de guides spirituels, ce qui doit engendrer des citoyens lambda de type nouveau, donc un visage plus radieux du Sénégal.
Les gouvernants seront alors obligés de penser d’abord et avec respect à l’ensemble des individus qui constituent la population du pays. Des individus libres, pensant par eux-mêmes, pour eux-mêmes et pour la communauté. Certains chefs religieux seront ainsi débarrassés de certaines souillures et se tourneront, avec leurs disciples, exclusivement vers la face de Dieu, Lui qui donne ce qui est licite et n’exige que l’équité et la transparence quand il s’agit de gérer des biens communs.
Bathie Ngoye THIAM.