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COMMENT PEUT-ON DENIGRER WADE ET SOUTENIR GBAGBO ?

(Wal Fadjri, 07 décembre 2010.)

            Laurent Gbagbo fut un farouche opposant à Félix Houphouët-Boigny. A l’époque, il fustigeait les chefs d’Etat qui, une fois au pouvoir, ne veulent plus le quitter. Il prônait alors un maximum de deux mandats de cinq ans, soit dix années de règne, pas plus. (Vous me direz que Wade aussi s’est prononcé en faveur de la limitation des mandats à deux et avait même reconnu que la Constitution ne lui permet plus de se présenter, ce qui ne l’empêche pas de se déclarer candidat pour 2012.)
            On reproche à Wade de reporter les élections, de les coupler et de les découpler comme bon lui semble ou de ne les fixer qu’au moment qui l’arrange. Que dire donc de Gbagbo ? Elu pour cinq ans, l’Ivoirien en a rajouté cinq autres avant d’organiser des élections présidentielles, trouvant, six fois de suite, un prétexte pour les repousser.
            Il y a beaucoup de remous et litiges dans l’arène sénégalaise, mais on n’a pas encore vu un lutteur terrassé rejeter le verdict de l’arbitre et imposer celui de ses dévoués supporters pour s’attribuer la victoire au mépris de toute réglementation. C’est ce que Gbagbo vient de faire, sachant que cela ne peut que déclencher encore une guerre civile faisant des milliers de morts parmi les populations, pendant qu’il sera barricadé quelque part avec son épouse qui lui aurait dit : « Si tu reconnais ta défaite, tu n’es pas un homme. »
            A quelques exceptions près, toute la communauté internationale a respecté la voix du peuple ivoirien qui a élu Alassane Dramane Ouattara. Parmi les exceptions, on compte, hélas, quelques éléments du Parti socialiste sénégalais, et pas des moindres, qui ont adressé leurs félicitations au président autoproclamé. Leur premier Secrétaire, Ousmane Tanor Dieng, « a manqué une bonne occasion de se taire ».
            On veut nous faire croire que c’est une question d’idéologie parce que « Gbagbo est un camarade, membre de l’International socialiste ». Idéologie ? Mon œil ! Quelle idéologie ? Qu’on arrête le cirque, waay ! 99% des politiciens africains n’ont qu’une seule idéologie : le pouvoirisme. Tout le reste n’est que démagogie. Que des mots pour nous endormir. Ils ne sont mus que par leurs intérêts personnels. Prendre le pouvoir ou le garder à tout prix, quitte à marcher sur nos cadavres. L’attitude de nos « socialistes » ne peut s’expliquer que comme suit : Gbagbo réélu s’attèlerait à faire tomber son « ennemi » Wade en 2012 ou même avant. C’est l’avis de bon nombre d’observateurs. Comment ? En soutenant l’opposition sénégalaise, principalement le Ps. Mais est-ce qu’il s’arrêterait là ? Rien n’est moins sûr. Ce belliqueux qui, pour s’accrocher au trône, est prêt à plonger son pays dans un bain de sang, n’hésiterait pas à armer une rébellion chez nous ou à y déclencher une guerre civile.
            Tout ceci me laisse croire que si Tanor se retrouve candidat de « Bennoo », face à Wade ou son fils, les électeurs auront à choisir entre la peste et le choléra.

Bathie Ngoye THIAM.


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