(07 avril 2003)
L’Amérique est la première puissance mondiale, mais cela
ne se voit pas dans la mentalité de son peuple. Les Américains,
dans une large majorité, se croient tellement supérieurs qu’ils
se renferment sur eux-mêmes, le reste du monde ne signifiant pas grand-chose
pour eux, ce qui en fait des espèces d’attardés mentaux.
Ils croient tout ce que disent leurs médias, surtout quand c’est
rabâché à longueur de journée. Tout mensonge ainsi
diffusé devient une vérité absolue. Leurs dirigeants
alors ne se privent pas de les mener où bon leur semble. Les Bush ont
montré leur savoir-faire dans le domaine.
Commençons par le père. Lui, il avait, comme un de ses concitoyens,
pensé que « le pétrole est une chose trop importante pour
être laissée aux Arabes. » L’Iran et l’Irak
ayant fermé leurs portes, il se mit à étudier l’Arabie
Saoudite et le Koweït. Il « encouragea » Saddam Hussein à
envahir le Koweït, en lui faisant croire que l’Amérique
n’avait rien à y voir. Puis, il mentit au roi d’Arabie
Saoudite en lui disant que l’Irak s’apprêtait à l’attaquer
et avait déjà amassé d’énormes troupes à
sa frontière. On parla alors d’une photo satellite qui n’a
jamais existé. Il réussit ainsi à inquiéter le
Saoudien et lui proposa d’amener des troupes pour le protéger.
Ceci dit ceci fait, l’Arabie Saoudite tomba, avec son pétrole,
pacifiquement sous contrôle américain, ce qui révolta
les Ben Laden et consorts. Maintenant, il ne lui restait plus qu’à
chasser Saddam du Koweït et prendre la place. Il fallait pour cela, convaincre
l’ONU et le peuple américain de la nécessité d’une
guerre pour « libérer » le Koweït où les «
monstrueux Irakiens commettaient d’inadmissibles atrocités. »
Le conseil de sécurité penchant pour une solution diplomatique,
on montra à la télé une jeune koweïtienne qui racontait,
pleurant à chaudes larmes, comment les soldats irakiens entraient dans
les hôpitaux, tiraient les bébés des couveuses et les
laissaient mourir par terre. (Il fallait la trouver, une si bonne !) C’était
si émouvant ! Et puis, après la grande indignation que suscitèrent
ces révélations, un chirurgien koweïtien déclara
avoir lui-même enterré des dizaines de bébés tués
de la sorte par ces barbares d’Irakiens. L’ONU opta pour le langage
des armes. On apprit, après la guerre, c’est-à-dire quand
la vérité ne servait plus à rien, que la demoiselle,
cette comédienne hors pair, n’était autre que la fille
de l’ambassadeur du Koweït à Washington où elle vivait.
Quant au « chirurgien » qui en fait était dentiste, ses
dires n’étaient que mensonges. Les hôpitaux koweïtiens
n’étaient même pas au courant de cette histoire.
Maintenant, venons-en au fils, car c’est lui qui est d’actualité,
et citons en vrac quelques unes de ses prouesses. Il avait promis une guerre
éclair, maintenant il dit : « Elle durera aussi longtemps qu’il
faudra pour la gagner. »
Au début, il était question de désarmer Saddam Hussein,
puis, comme par miracle, ce vocabulaire s’est évaporé.
Bush ne parle plus que de « libérer le peuple irakien. »
Mais il se trouve que ceux qu’on veut « libérer »
prennent les armes quand approchent les « libérateurs ».
Il s’est magistralement gouré, le « roi du monde ».
Les chiites sur qui il comptait, ne voient en lui qu’un envahisseur.
Et dans les rares cantons sous son occupation, aucun accueil triomphal. Les
Américains qui regardent tout cela à la télé commencent,
au bout de dix jours, à se demander à quoi bon envoyer mourir
leurs enfants pour libérer des gens qui ne veulent pas qu’on
les libère ? Alors Bush et les siens répondent : « Ils
ont peur de manifester leur joie et ils auront peur de le faire tant que le
régime de Saddam Hussein sera en place. » Bientôt, ils
nous diront que ceux qui pleurent leurs morts, le font parce que Saddam leur
en a donné l’ordre. Au moins, le message est clair : «
Que cela leur plaise ou non, nous tuerons Saddam, occuperons le pays et exploiterons
son pétrole. »
Tout berger connaît ses moutons. Bush sait que ses tueurs le suivront.
Un de ses soldats déclare : « Si je ne tue pas d’Irakien,
qu’est-ce que je vais bien pouvoir raconter en rentrant à la
maison ? » Et un autre : « Il faut qu’on attaque car certains
d’entre nous n’ont pas encore tué d’Irakien. »
Je sais qu’il y a des abrutis partout, mais il me semble qu’il
y a des endroits où la densité est au-dessus de la normale.
C’est comme si on leur avait dit que tuer un Irakien ouvrait la caverne
d’Ali Baba.
Pour l’instant, il y a un nombre sans cesse croissant de morts dans
leurs rangs, ce que Bush tente d’expliquer en ces termes : « Les
soldats irakiens sont des lâches. Ils viennent, soi-disant pour se rendre,
puis ils tirent et tuent ceux qui leur font grâce. » Et l’Amérique
le croit, d’autant plus que Rumsfeld, son complice, avait fait la même
déclaration la veille. Et en plus la télé passait ces
déclarations, encore et encore et encore. Mais est-ce plausible ? Je
ne suis certes pas colonel, mais si j’ai bien compris, quelqu’un
qui se rend, laisse tomber ses armes et tend les bras, pendant que l’ennemi
braque son fusil sur lui. C’est d’ailleurs ce qu’on voit
à la télé. Mais il se peut que les Irakiens tirent avec
leurs dents.
Et comme les soldats des forces de l’occupation paniquent souvent, au
point de s’entretuer et tirent aussi sur des civils, le Pentagone nous
apprend que les soldats irakiens portent parfois des uniformes américains
ou britanniques. Et naturellement ça doit être vrai puisqu’un
général et une porte-parole l’ont dit sur CNN. Seulement
je pense qu’ils ont oublié d’ajouter que ces Irakiens font
un peu de « khessal » (dépigmentation artificielle), et
parlent anglais avec l’accent new-yorkais ou londonien.
Il y eut un moment, on s’en souvient, où on nous dit que «
les troupes avancent moins vite sur Bagdad pour épargner la population
civile. » Mais pendant ce temps, les bombardements continuaient nuit
et jour. Et ces « bombes intelligentes » savent trouver les marchés
et les habitations. On a même bombardé, exprès, les résidences
de soldats irakiens, sachant que leurs femmes, enfants, mères, tantes,
etc. y vivaient aussi. Par contre on « sécurise » les puits
de pétrole dont six cents sont déjà sous contrôle
américain. La vérité est que les troupes n’osent
pas encore entrer dans Bagdad. Elles attendent du renfort qui tardent à
arriver.
Après l’attaque suicide de samedi dernier, le Pentagone parle
de « terrorisme pur et simple. » J’aimerais, là-dessus,
avoir l’opinion des Japonais, hier kamikazes, aujourd’hui alliés
des Yankees.
D’autre part, Bush, qui se croit investi d’une mission divine,
avait décrété une journée de jeûne et de
prière pour que Dieu protège l’Amérique et ses
soldats. Pourtant toutes les églises, même celle à laquelle
il appartient, sont contre cette guerre, sans parler du pape. Et des prêtres
qui manifestaient pour la paix, à New York, ont été arrêtés.
Bush a sans doute un dieu privé.
Maintenant, il faut diaboliser Saddam Hussein aux yeux du peuple américain,
et Bush n’y va pas de main morte. Il parle de « quelqu’un
à qui les hommes de Saddam ont coupé la langue. » Oh !
Que c’est cruel ! Le lendemain, il dit qu’« une femme irakienne
a été pendue, pour avoir salué des troupes de la coalition.
» J’ai le pressentiment qu’il va nous les pondre au rythme
d’un par jour. Peut-être qu’à la fin, il nous dira
que Saddam est cannibale. Mais cela ne suffisant pas, il faut que des Irakiens
« témoignent ».
Une Irakienne raconte, à la télé, que sa fille, toute
petite, bien entendu, est emprisonnée pour avoir critiqué Saddam
Hussein à l’école. Une autre raconte les atrocités
qu’elle a subies, mais à mon avis, elle n’est pas convaincante
et doit demander à la fille de l’ambassadeur du Koweït de
lui donner quelques cours. (Pendant ce temps Tony Blair disait que les Irakiens
exécutaient des prisonniers de guerre, ce que nul n’a réussi
à prouver.). Une autre femme, qui aurait travaillé dans l’administration
Saddam, révèle qu’il y a des armes dans tous les établissements
administratifs et publics, mais aussi dans les mosquées. Donc, on doit
les bombarder. Elle a toutefois omis de préciser que c’est le
vendredi, à l’heure de la prière, qu’il y a le plus
d’armes de destruction massive dans les mosquées.
Mais le comble, c’est quand on voit sur l’écran «
celle qui a été la maîtresse de Saddam Hussein pendant
trente ans. » Elle raconte en détail la « vie intime »
du maître de Bagdad. Et surtout, elle dit que Saddam et Ben Laden se
rencontraient. Ce qui signifie que Saddam est directement impliqué
dans les attentats du 11 Septembre. Que faut-il de plus pour que toute l’Amérique,
voire le monde tout entier, soit derrière Bush ? Mais franchement,
voyez-vous Saddam, qui se dit bon musulman, présenter sa maîtresse
au « fanatique » qu’est ou qu’était Ben Laden
? Et puis, si Saddam voulait une maîtresse, je crois qu’il aurait
fait un meilleur choix, car celle que j’ai vue ne fait sûrement
pas siffler les hommes dans la rue. Par ailleurs, Saddam, ce « dictateur
qui contrôle tout et tout le monde, qui n’a confiance en personne
», comment peut-il laisser sa « maîtresse » sans surveillance,
pour qu’elle aille révéler ses secrets à ses ennemis
?
Je me demande, si Dieu faisait, en une nuit, disparaître tout le pétrole
irakien, est-ce que Bush aurait continué sa « guerre de libération
». Il ne cesse de promettre la création d’un État
palestinien, pour mystifier les Arabes et les musulmans. Il sait bien que
cela ne se fera pas, parce qu’Israël n’en veut pas. Les Palestiniens
doivent quitter la Palestine ou mourir. Par contre, parmi ceux qui l’entourent,
il y en a qui disent clairement : « Nous serons toujours du côté
des Israéliens parce que nos religions sont toutes deux bibliques.
» Et un de ses proches collaborateurs déclare : « Nous
n’avons rien contre les musulmans non pratiquants, mais un musulman
pratiquant est notre ennemi ; il pense qu’il doit nous tuer parce que
nous sommes des mécréants. »
Ce n’est pas par hasard que le mot « croisade » est sorti
de la bouche de Bush, l’homme dont on dit qu’il est le plus puissant
au monde. Nous pouvons donc supposer qu’après l’Irak, il
faudra « libérer » les peuples d’Iran et de Syrie
où il y a trop de musulmans pratiquants. De plus ce sont les deux pays
de la région encore insoumis.
J’espère seulement que l’Amérique ne jurera pas
longtemps au nom du père et du fils Bush, car ces deux-là, on
connaît leurs mensonges.
Bathie Ngoye Thiam.