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TENEZ BON, DON BARA !

(Wal Fadjiri, 13 juillet 2010.)

            Il n’est pas descendant de marabout, de roi ou de chef d’Etat. Il paraît qu’il n’est même pas « noble » de naissance. Bara Tall, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’est ni plus ni moins qu’un digne fils du Sénégal. Né et ayant grandi au Cayor, il y a fait toutes ses études, prouvant ainsi qu’on peut aussi s’en sortir sans quitter son pays. Il s’est battu, il a réussi. Il n’a pas attendu que son papa soit président de la République pour s’évertuer à nous « monter », à travers un tapage médiatique, qu’il est compétent. Malheureusement, ceux qui devaient le féliciter, l’encourager et le protéger veulent le détruire à tout prix. Allons-nous croiser les bras devant cette abominable mise à mort d’un des nôtres, en attendant que ce soit notre tour ?
            A l’époque où deux grands bandits réglaient leurs comptes, suite au partage d’un butin, l’honnête Bara Tall avait reçu les balles perdues. Depuis, c’est la descente aux enfers. Il a été jeté en prison, puis libéré un beau jour. Pourquoi et pourquoi ? Allez donc savoir. En tout cas, plus de marché pour lui. Mieux, l’Etat ne lui paye pas l’argent qu’il lui doit. C’est le dépôt de bilan, une faillite qui serait organisée par nos Caligula. Des centaines, voire des milliers de Sénégalais se retrouvent au chômage. Voilà Bara obligé de quitter son pays bien-aimé pour aller tenter ses chances ailleurs. Le peuple assiste, impuissant. Le citoyen Tall décide alors de défendre ses droits et du coup ceux de ses compatriotes victimes de tant d’injustices au nom de la raison du plus fort. Bara porte plainte contre l’Etat, tout en sachant qu’il n’a pas grand-chose à en attendre. Conscient que le Sénégal appartient à tous ses fils, il crée un mouvement citoyen : « Yemale ». Son but n’est pas d’obtenir une chaîne de télé ou d’autres avantages, mais de se battre pour « le mérite et l’égalité des chances ». Un combat pour la citoyenneté et la bonne gouvernance économique dans ce pays où tout est entre les mains d’une famille.
            Sur les « 20 milliards de Sudatel », il initie une pétition pour que les Sénégalais sachent où est passée cette somme qu’un individu peut dépenser pendant 2737 ans et 10 mois et 6 jours, à raison de 20 000 francs par jour. Wooplow ! Alors là, panique chez les Wade ! Le fiston serait impliqué dans cette affaire. L’imprimerie de M. Tall où la pétition est sous impression reçoit une descente des forces de répression, digne de la Gestapo. Au Sénégal des Wade, on ne poursuit pas les voleurs, mais ceux qui les dénoncent. Abdou Latif Coulibaly en sait quelque chose.
Bara Tall, une fierté nationale, est devenu malgré lui le porte-drapeau d’un combat que le peuple soutient parce que directement concerné. Des politiciens de métier, valets de chambre dont Wade et son fils ne veulent plus, tentent alors de le racoler pour se donner quelques bribes de dignité et de crédibilité. Pendant ce temps, le clan au pouvoir s’acharne sur lui. Nous avons entendu le Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye, déclarer que pour le tronçon Fatick-Kaolack, l’Etat va poursuivre Bara Tall, pour un remboursement des fonds. Pourquoi ne demande-t-il pas à Karim Wade, dont « il salue les efforts », ce qu’il en est des « Contes et mécomptes de l’Anoci » ? Et que dire des marchés de l’Apix et de l’Assemblée nationale ?
Aujourd’hui, Wade-père, n’ayant pas encore réussi à égorger l’enfant de Thiès et voyant le soutien populaire dont il bénéficie, veut fumer le calumet de la paix avec lui pour sans doute mieux affûter son couteau. Tenez bon, Don Bara !
            Soyons vigilants et prêts à mourir pour que la vérité triomphe. « Le temps de la parole est révolu ; place aux actes ! » La patrie est en danger, mais 2012 n’est pas loin.
Aux urnes, citoyens !

Bathie Ngoye THIAM


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