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BAMBA NDIAYE, MINISTRE DE QUOI ?

(Wal Fadjiri, 08 février 2010)

Après l’inutile ministère chargé de la Nouvelle capitale, le ministère chargé entre autres du fameux Projet Yakalma, le ministère de la Transformation alimentaire des produits agricoles dont même Aïda-Fantômas n’aurait pas voulu, voici un ministère chargé de la Communication, des Relations avec la presse et des Affaires religieuses. Du jamais vu dans le Sénégal laïc. L’heureux élu, Mouhamadou Bamba Ndiaye, est aussi porte-parole du président de la République (à ne pas confondre avec le porte-parole du gouvernement, quand bien même Wade est aussi le gouvernement, le Senat et l’Assemblée nationale. Moustapha Guirassy et Bamba Ndiaye sont tous deux ses porte-paroles ayant pour tâche de rectifier ses bourdes, tous deux chargés de la communication et des relations avec la presse. Bonjour les cafouillages et les télescopages !)
Bamba Ndiaye, ministre chargé des affaires religieuses ? Là aussi, on s’y perd, puisque Bécaye Diop, maire de Kolda et ministre de l’Intérieur, est chargé des cultes. Encore deux ministres pour une même fonction. Mais, admettons que « cultes » et « affaires religieuses » n’ont rien à voir. Que pouvons-nous attendre de notre arabisant francophone ? Va-t-il s’occuper des relations avec les chefs religieux ? Non. Ça, c’est la chasse gardée du président Wade. Va-t-il construire et réhabiliter des lieux de cultes ? Hélas, non. Va-t-il s’occuper des pèlerinages à la Mecque et à Poponguine ou à Rome ? Non. D’autres s’en chargent. Va-t-il mettre fin aux multiples « korite » et « tabaski » ? Non.
On se dit alors, qu’il sera le représentant du gouvernement lors des « maggal », « gammu » et autres cérémonies religieuses, ce qui permettrait aux autres ministres de rester dans leurs bureaux pour travailler. Oh que nenni ! Le dernier « maggal » nous a prouvé qu’il n’en est rien. Presque tous les membres du gouvernement étaient à Touba, le 4 février, pour la cérémonie officielle. Une forte délégation conduite non pas par Bamba Ndiaye (qui n’en faisait même pas partie), mais par Bécaye Diop. C’était, en quelque sorte, un Conseil des ministres, en plein air, présidé par le khalife général des mourides. A quoi donc sert Mouhamadou Bamba Ndiaye ? Il dit qu’il veut mettre « l’accent sur les nombreuses réalisations et les actions entreprises par le Président». Pourra-t-il faire mieux que la Rts ?
Le « farouche défenseur de Wade » a apparemment une autre mission. Il a été nommé ministre quand son mentor a eu maille à partir avec des religieux, notamment des imans et des chrétiens, à cause de sa statue. Directeur de publication du quotidien « Le Messager » et de la Radio Océan Fm, M. Ndiaye, dans ses sorties médiatiques, défendait contre vents et marées le Monument de la Renaissance tant décrié, mais auquel Wade tient comme à la prunelle de ses yeux. Soldat sur tous les fronts, il est enfin élevé au grade de « gardien de la statue ». Arrivé à cette station, tout ce qu’il trouve à nous annoncer est que le gouvernement va organiser un colloque sur le monument. Quel programme titanique ! Mais que deviendra Bamba Ndiaye après l’inauguration de la statue, quand le débat sera enterré ? Le journaliste semble savoir que son ministère est éphémère. S’il a quitté la direction d’Océan Fm, il a toujours un pied dans « Le Messager ». Il a raison. Avec Wade, les ministres sont éjectables à tout moment.
« Ministre conseiller, chargé de la communication, des relations avec la presse, des affaires religieuses et porte parole du président de la République ». On pouvait nous épargner cette longue liste et dire tout simplement : « Ministre de la Statue. » Et dans tout ça, on se demande quel est le rôle des « deux ministres de la Culture » dont l’un est chargé du Festival mondial des arts nègres.

Bathie Ngoye Thiam.

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