Bathie Ngoye Thiam: Home > Contributions

QUELQUES PRECISIONS SUR L’EMISSION « VDJ » DU 27-12-2009

(Sunuker.com, 4 janvier 2010)

Suite aux réactions de quelques auditeurs, j’ai jugé nécessaire de revenir sur certains points du débat que d’aucuns qualifient de tir groupé contre ma modeste personne.
Il m’a été donné une image qui ne me correspond pas du tout : le mec qui cherche à descendre ses compatriotes. Je déplore ce portrait bien hideux. N’ayant pas l’habitude de fréquenter les plateaux de télé et de radio, j’ai laissé passer trop de choses pour éviter de sombrer dans des polémiques stériles. C’était une erreur. Mais bon, à chacun son domaine.

Amadou Diouf « attaque », dès le début de l’émission : « Dans ta contribution, « Le Sénégal n’est pas une république mouride », tu n’as pratiquement fait que reprendre ce qui est écrit dans Wal Fadjri. » Mon texte ayant été publié dans ce journal, j’imagine qu’il l’y avait lu sans faire attention à la signature. Suñu Kër avait repris le même texte en oubliant de citer la source. Cela arrive. Je le souligne juste pour que ce soit clair dans l’esprit des auditeurs. Mais, si Amadou Diouf est sûr de ce qu’il dit, qu’il cite le texte ou les textes que j’ai repris.

Il m’a été demandé : « As-tu entendu tel marabout dire (mot à mot) qu’il est Dieu ? » Fabienne a insisté là-dessus. Seulement, vers la fin de l’émission, elle a parlé de Mansour Hallâdj, déclarant que ce saint avait dit qu’il était Dieu. Je lui conseille de revoir ses lectures. Hussein Ben Mansour Hallâdj n’avait pas dit : « Je suis Dieu ». Il avait dit : « Je suis la vérité ». Si l’on accepte que dire « je suis la vérité » signifie « je suis Dieu », on doit aussi accepter que dire « telle personne est Dieu et je suis cette personne » signifie « Je suis Dieu ». Si l’on se veut logique, il faut l’être jusqu’au bout.
            Fabienne (Amadou Diouf aussi) dit que je dois approcher les gens avant d’écrire sur eux. Je n’écris pas sur les gens car je ne fais pas des biographies et je n’en vois pas l’intérêt, mais je crois avoir le droit de dire ce que je pense des déclarations publiques de telle ou telle personnalité politique, religieuse, culturelle, etc., sans être obligé de l’appeler ou de lui écrire d’abord. Si à chaque fois que Wade ou un marabout ou quelqu’un d’autre dit ou fait quelque chose devant tout le monde, les gens devaient le contacter avant de commenter,… Elle dit que les Sénégalais les plus instruits et les plus intègres sont tous des disciples de son « jëwriñ », Cheikh Béthio Thioune. Connait-elle tous les Sénégalais pour se permettre une telle affirmation ?

Ismaëla  a envoyé un mail qui insinue que je ne fais qu’attaquer, sans doute par jalousie, les Sénégalais célèbres ou qui réussissent. Eh bien ! Si tel était le cas, ma vie serait un enfer. Cher Is, ceux qui me connaissent savent qu’il n’y a en moi aucune méchanceté et pas une ombre de jalousie. Je suis content de mon Seigneur et je Le remercie sans cesse. Il y a des milliers, voire des millions de Sénégalais célèbres ou qui ont réussi et dont je suis fier : des politiques, des musiciens, des Pdg, des entrepreneurs, des lutteurs, des journalistes, des écrivains, des comédiens, des footballeurs… Je ne critique en général que nos dirigeants et leurs acolytes qui gâchent le pays. Ces gens-là, la plupart des Sénégalais les critiquent aussi et souvent en des termes bien plus cruels que les miens. Sur les marabouts, je n’ai même pas une dizaine de textes, et beaucoup de Sénégalais partagent mon point de vue. Par ailleurs, je signale que j’aborde plein d’autres sujets dans mes 126 contributions actuelles.
Dans son mail lu par Ndiawar, Ismaëla dit que j’ai félicité Serigne Modou Bousso Dieng parce qu’il avait attaqué d’autres marabouts. Je tiens à dire que je ne suis pas anti-marabout. Quand un marabout fait son devoir, je m’en réjouie. Serigne Modou Bousso Dieng n’avait pas gratuitement attaqué d’autres marabouts par jalousie ou méchanceté. Il les avait rappelés à l’ordre en leur disant, entre autres, qu’ils ne doivent pas mêler la politique et les affaires de Serigne Touba. Je le dis depuis des années et souvent, des « taalibe » comme Fabienne me rétorquent que je suis trop petit pour défendre la voie de Serigne de Touba. Alors, quand j’entends un petit-fils direct de Serigne Touba, un marabout respecté, tenir le même langage que moi, je ne peux qu’applaudir.

Amadou Diouf dit qu’il a l’impression que je manque de « yërmandé » et que je ne fais qu’attaquer les gens. Me voilà devenu le monstre qui n’a pas de cœur. Ha ! Ha !

Ismaëla déclare que man, Bácc, da maa attaqué Omar Ba bu mu jaral ma ma dem France pour le dénigrer à la télévision. Avant d’y répondre, je crois indispensable d’expliquer aux gens de quoi il s’agit.

L’affaire Omar Ba :
En février 2008, Omar Ba, étudiant en France, avait publié un livre, « Soif d’Europe », dans lequel il raconte son odyssée pour entrer en Europe. Trois années de galère, de septembre 2000 à septembre 2003. Tout y est. Les naufrages en mer, les gens qu’on jette vivants de la pirogue qui coule, l’odeur des cadavres que les vers dévorent, les souffrances dans le désert, les arrestations et bastonnades…
Quand j’avais vu la publicité sur le Net, j’avais contacté un ami que le sujet intéresse pour lui donner le lien, en lui disant : « Il y a un Sénégalais qui a écrit un livre que je te conseille de te procurer. » (Je ne l’avais pas encore lu.)
Un beau jour, je tombai sur un forum où des compatriotes disaient qu’Omar mentait parce qu’entre 2001 et 2003, il était étudiant à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis et non dans une pirogue pour se rendre en Europe, et qu’il avait quitté le Sénégal en 2003, après de son Deug de sociologie, avec une bourse en bonne et due forme du gouvernement sénégalais lui permettant de continuer ses études en France.
Par la suite, j’avais vu une émission (Sept à huit) sur TF1, où Omar parlait de son « aventure ». Certains de ses propos avaient mis la puce à l’oreille de bon nombre de Sénégalais. Il y confirmait une phrase qui y est dans son livre, comme quoi nos parents préfèrent que leurs fils soient au fond de l’océan plutôt que de les voir revenir d’Europe sans fortune. Il y disait, parlant de son arrivée en Europe : « Pour la première fois de ma vie, j’ai eu le choix entre le Coca et l’eau, une eau fraîche en plus. »  Et, à la fin de l’émission, il avait déclaré que s’il a une haine, c’est envers son pays, le Sénégal, qui n’a pas su lui donner les raisons de rester chez lui.
L’émission est ici. Regardez et faites-vous votre propre opinion :
http://www.dailymotion.com/video/x5ls09_reportage-clandestin-omar-diplome-s_news

Pour annoncer la sortie de son livre, Omar avait écrit sur son blog : « Les faits sont rapportés tels qu'ils ont été vécus par moi et en toute sincérité. » 
Après avoir lu les interviews et autres déclarations d’Omar dans la presse française, j’avais compris qu’il n’en était rien et j’avais écrit une contribution publiée au Sénégal, dans Wal Fadjri, le 16 juillet 2008, pour dire, avec mes arguments, que cet homme n’avait pas vécu ce qu’il racontait. Omar l’avait lu sans réagir. Il avait continué à faire le tour des plateaux de télé en Europe, prétendant lancer des messages aux Africains en général et aux Sénégalais en particulier, alors qu’il ne s’adressait qu’à des Tubaab qu’il faisait pleurer en racontant ses souffrances fictives.
En 2009, passant toujours pour un rescapé des pirogues de la mort, il sortit un nouveau livre sur l’immigration. Son discours : les Africains qui sont en Afrique doivent y rester, et les immigrés qui sont ici doivent rentrer chez eux. Mais lui fait tout pour rester en France. Les journaux titraient : « Omar Ba, l'Africain qui lutte contre l'immigration clandestine. », « Omar Ba, l'empêcheur d'émigrer en rond »... Alors, un journaliste français fit une enquête et publia, le 8 juillet 2009, dans « Le Monde », un article où il démontra avec des preuves irréfutables qu’Omar, le « porte-parole » des immigrés, n’avait pas vécu ce qu’il racontait. Ce fut la consternation. « S'il a menti, cela fera du mal à la cause des clandestins qu'il prétend défendre », dit son éditeur. Des Français s’écrièrent : « Omar nous a tous bernés. » Des journalistes qui l’avaient interviewé, témoignèrent qu’il joue tellement bien la comédie qu’il pleurait presque quand il racontait ses « aventures ».

            Si vous avez accès aux archives de « Le Monde », vous y verrez l’article, avec ce titre : « Contre-enquête sur un affabulateur ». Sinon, jetez un coup d’œil ici :
http://www.educationsansfrontieres.org/article21279.html
C’est sans appel.
            C’est à ce moment qu’on s’est souvenu que des Sénégalais, dont moi, avaient signalé, un an auparavant, que cette histoire ne tenait pas debout. Une télé française m’invita pour en parler. Je dis que je n’avais pas envie d’être à la télé, à Paris, pour croiser le fer avec un autre Sénégalais. Toutes mes contributions sont publiées au Sénégal ou sur mon site ou d’autres sites sénégalais. Des amis me conseillèrent d’y aller parce que sinon ce serait comme si je n’assumais pas ce que j’avais écrit. Je dis aux gars de la télé : « D’accord. Je viens, mais c’est vous, journalistes français, que je vais critiquer… » L’émission avait duré une heure et sur leur site, ils avaient pris une de mes phrases comme titre : « Sur l’Afrique, les journalistes (français) sont prêts à croire n’importe quoi. » J’écrivis ensuite une contribution : « Les journalistes français roulés dans la farine par un immigré. » Texte publié par Walf, le 14 juillet 2009. Depuis, j’avais enterré « l’affaire Omar Ba ».
            Omar s’était muré dans un silence total avant d’envoyer une lettre au journal « Le Parisien », pour reconnaître les faits. Voici le lien :
http://www.leparisien.fr/essonne-91/omar-ba-ex-sans-papiers-j-ai-arrange-ma-biographie-17-07-2009-583600.php
La première phrase de l’article est : « Omar Ba, ex-sans-papiers habitant Evry, reconnaît avoir menti dans son livre «Soif d'Europe», qui relatait son prétendu périple clandestin pour quitter le Sénégal et rejoindre la France. »
Maintenant, Omar dit qu’il a raconté dans son livre des choses que lui-même a vécues, et aussi celles que d’autres ont vécues. Mais peut-il dire une seule de ces histoires que lui-même a vécue ?

Tidiane Diallo m’a dit : « Critiquer les gens, c’est trop facile. Avant de dénigrer qui que ce soit, collecte d’abord des informations… » Voilà une critique facile et gratuite. Je lui conseille de lire ce que j’ai écrit avant de tenir de tels propos à la radio. Ou alors, qu’il donne des exemples, s’il en a.
Selon toi, Tidiane, Omar Ba serait manipulé par son éditeur, car les éditeurs patati patata. Et tu as déclaré qu’il a repris l’histoire d’un autre qui vit dans la clandestinité. Omar, lui-même, a dit que son éditeur n’y a rien enlevé et rien ajouté. Quant à ce clandestin, j’aimerais bien que tu nous dises où il est. Ce qu’Omar raconte dans son livre, aucun être humain ne peut l’avoir vécu. Le personnage fait même reculer le temps. Et avec ça, tu me dis que je devrais appeler Omar et discuter avec lui avant de donner mon avis. Tu clames que tu ne diras jamais quelque chose de faux, mais il me semble que c’est plutôt toi qui devrais l’appeler avant de parler, pour que vous puissiez accorder vos violons.
Tidiane m’a aussi dit : « Tout ce qu’Omar a dit, les journaux sénégalais l’ont dit. Toi, tu n’as rien dit là-dessus. » En es-tu sûr, Tidiane ? As-tu lu tout ce que j’ai écrit ? N’est-ce pas là, encore une fois, une affirmation gratuite et facile ? Tu m’accuses d’attaquer les gens sans raison, avec des arguments légers, de critiquer pour critiquer, or c’est exactement ce que tu fais à mon égard. Des auditeurs peuvent te croire et c’est cela qui est grave, car toi-même tu sais que tu n’es pas sûr de ce que tu dis de moi.
Quand j’ai dit que le Front National d’Evry avait exprimé son soutien à Omar Ba, Tidiane criait : « C’est faux ! C’est faux ! » J’avais promis de lui donner le lien, le voici :
http://frontnational91.over-blog.com/article-33957578.html
On y lit :
« Le Front National de l'Essonne tient à faire part de son soutien à Omar Ba et rappelle qu'il veut mettre un terme à l'immigration tout en privilégiant la coopération avec les pays d'Afrique. »

            Ndiawar me sort un truc du style : « Tout ce qu’Omar dit est vrai. Il y a des gens qui meurent dans les pirogues… » Quel raisonnement ! Si je raconte que j’étais président du Sénégal de 1975 à 1979, vous n’allez pas me défendre en disant que je n’ai pas menti parce qu’il y avait un président au Sénégal à cette époque. Si je dis que mon grand-père a été fusillé en Chine, vous ne direz pas que ce n’est pas faux parce qu’il y a des gens dont les grands-pères ont été fusillés en Chine. Soyons sérieux, les gars !
           
Omar Ba est entré dans l’émission, à la fin, quand j’étais fatigué et voulais juste m’en aller. Subtilement, il tente de jeter l’opprobre sur moi. Il dit : « Quand Bathie écrivait son premier texte, il n’avait pas lu mon livre. Il s’était juste basé sur mes apparitions médiatiques. Si l’honnêteté dont il parle est en lui, il va le reconnaître. » C’est ahurissant. Ai-je jamais dit le contraire ? C’est aussi aberrant que de dire à Youssou Ndour : « Si tu es honnête, reconnais que tu es un chanteur. » Mais ce n’est pas du tout innocent, car l’auditeur qui n’a jamais entendu parler de Youssou Ndour pourrait penser que ce dernier nie qu’il est un chanteur, et tendrait à douter de son honnêteté. Omar sait, mieux que quiconque, que je n’ai jamais prétendu avoir lu son livre à ce moment-là. J’avais même commencé mon texte en disant que j’avais regardé plusieurs fois l’émission à la télé et ensuite j’avais lu ses apparitions dans la presse. C’est vérifiable ici :
http://www.afriquechos.ch/spip.php?article3316
Omar se met dans la peau d’une victime magnanime qui pardonne les offenses qu’elle a subies. Là encore, l’auditeur qui n’est pas au courant de rien, peut s’imaginer n’importe quoi. Tout ce que j’avais écrit, est que cette histoire, Omar ne l’a vécue. Et il l’a, lui-même, reconnu… un an plus tard. Donc, je ne vois pas ce qu’on peut me reprocher.
Omar parle des injures qui lui sont adressées et dit que j’y ai une part de responsabilité. C’est vraiment exagéré. Je ne l’ai jamais injurié et je n’injurie personne. Il doit plutôt s’en prendre à lui-même qui a raconté des choses qui ont mis ces gens dans cet état. Sur le Net, les injures fusent de partout. Moi aussi j’en reçois une bonne dose, mais je ne peux en aucune manière dire que c’est à cause de ceux qui me contredisent en donnant poliment leurs arguments. Si des taalibe de Cheikh Béthio m’avaient injurié après l’émission, il aurait été malhonnête de dire que Fabienne y a une part de responsabilité parce qu’elle a réagi à mes déclarations.
Parlant de mon invitation à la télé, à Paris, Omar dit qu’on devait en parler au Sénégal en non en France, pour ne pas faire le jeu des Tubaab. C’est bien beau, mais lui qui ne faisait ses sorties que dans la presse occidentale, pourquoi a-t-il fallu que les Français le démasquent pour qu’il se souvienne qu’il y a aussi des médias au Sénégal ? De plus, c’est à moi qu’il le dit, moi qui ne publie que dans la presse de notre cher pays. Mais l’auditeur qui l’entend parler ainsi peut croire que c’est l’inverse. Il est très fort, le gars.

Amadou Diouf va plus loin, me disant : « Quand Omar a raconté son histoire, tu n’as vu aucun Sénégalais le démentir. »  Dommage que lui, « qui maîtrise ce qu’il dit », ne m’ait pas laissé le soin de lui répondre. Amadou, bien avant moi, d’autres Sénégalais étaient montés au créneau pour dire que cette histoire ne tient pas debout. Pour preuve, voici un lien parmi d’autres :
http://forum.seneweb.com/forum/viewtopic.php?t=23615&postdays=0&postorder=asc&start=0
Si Omar racontait ses « histoires » sur les plateaux de télé au Sénégal, je crois que ses propres parents, ses voisins et ses amis seraient les premiers à le démentir. Auriez-vous dit qu’ils sont jaloux ou qu’ils manquent de yërmande ? Des étudiants de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis avaient écrit sur le Net : « Ce n’est pas vrai parce qu’il était ici, avec nous. » Je suppose qu’eux aussi sont jaloux ou manquent de yërmande.
Franchement, j’avais oublié l’affaire Omar Ba dont beaucoup de Sénégalais ont parlé avant et après moi. Et j’avais souhaité ne plus avoir à y revenir. D’ailleurs, avant l’émission, j’avais dit à Ndiawar que je préférais qu’on n’en parle pas.

Masaar, un auditeur, sans doute influencé par les propos des gens du plateau, est intervenu pour me dire que « Bind da fa am yoon » et que je dois faire des recherches sérieuses avant d’écrire, etc. A-t-il lu ce que j’ai écrit ? Je ne le crois pas. D’ailleurs, je me demande combien parmi les intervenants peuvent jurer avoir lu au moins deux de mes contributions avant de me coller des étiquettes ou de me donner des « conseils ».
Si je ne faisais qu’attaquer les gens par jalousie ou méchanceté, sans aucun argument valable, croyez-vous sincèrement que les journaux sénégalais auraient publié plus d’une centaine de mes contributions ?

Je vous remercie tous.
            Bathie Ngoye Thiam.


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