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LE GROUPE DE PRESSE DE KARIM WADE

(Walfadjri, 03 août 2009)

Tout le monde en parle. Notre Karim national serait sur le point de mettre sur pied un groupe de presse avec journal, radio et télé. Canular ou réalité, c’est alarmant.
L’humoriste Koutia Jackson nous fait rire quand il raconte comment le Prince appâte les journalistes qu’il veut recruter, en leur proposant des salaires de rêve. Tous finissent par accepter, certains sans hésiter une seconde. Les artistes étant parfois des visionnaires, nos sourires risquent de se crisper. Les journalistes sont pour la plupart, malgré leur célébrité, des citoyens lambda que la cherté de la vie n’épargne guère. On les cite (pas tous, bien entendu) parmi les plus corrompus. Pourquoi ? Leur métier les met en contact avec les corrupteurs qui ont besoin d’eux pour accomplir leurs sales besognes. Ils sont le pont entre les politiques et les populations. C’est à travers les médias que les gouvernants et ceux qui aspirent à le devenir tentent de séduire leurs compatriotes. Les spécialistes de la communication savent tous que si quelqu’un, qui veut à tout prix prendre les rênes du pays, fonde un groupe de presse et les aborde, c’est pour leur dire à mi-mots : « Venez manipuler le peuple, faire ma propagande pour que je sois roi et vous serez bien payés. » Vu la crise économique actuelle, d’aucuns penseront : « Si je refuse, un autre prendra le poste. »
Koutia n’a cependant pas dit avec quel argent Karim va créer son groupe de presse. Si ce n’est pas de l’argent blanchi au Sénégal, le super banquier doit pouvoir nous expliquer comment il est devenu si riche alors qu’en 2000, son papa qu’il dit avoir soutenu n’avait pas les moyens de mener correctement sa campagne électorale.
Espérons que c’est juste de l’humour car si Karim, qui n’est même pas chef de parti, a un groupe de presse (journal, radio, télé) pour préparer les élections de 2012, il faudra accorder ce droit aux autres candidats. Sidy Lamine Niass et Youssou Ndour savent qu’il n’est pas facile d’avoir la permission d’ouvrir une chaîne de télé...
Wade remue ciel et terre pour que son fils lui succède. Tout membre de son clan qui ne se range pas derrière son dauphin sera écarté. Seul Idrissa Seck, qu’il ne voulait plus revoir à ses côtés, lui pose problème. Quoi qu’on dise, M. Seck est quelqu’un qui n’a pas besoin qu’on crie sur les toits qu’il est un Sénégalais comme les autres. De plus, il a une base solide, comme l’attestent les dernières élections présidentielles et législatives. Ndiomborton n’a aucune chance face à lui, même au sein de Pdsl. Donc, un nouveau deal s’impose.
La seule base de Karim Meissa est son papa qui lui procure de l’argent et des hommes (des mouches qui ne se posent que là où c’est humide) et lui accorde des libertés et droits dont ne bénéficient pas les autres citoyens. Allez accrocher à la corniche une banderole avec le nom de votre mouvement ou parti politique, vous saurez de quoi je parle. Si jamais, par la volonté de Dieu, le père quitte ce monde avant d’introniser son fils, la carrière politique de ce dernier sera foutue, du moins dans notre cher pays. Il continuera quand même à gérer des milliards de nos francs puisqu’il est nommé Président… du monument de la Mégalomanie. Ce joujou familial générera, selon son « concepteur », des milliards de dollars dont il s’attribue 35% et laisse 65% à l’Etat.
Après le groupe de presse, attendez-vous à voir Sa Majesté le Prince épouser une Sénégalaise bon teint pour se faire adopter par les populations qui l’ont rejeté le 22 mars 2009. Un mariage fort médiatisé, évidemment. Une fois élu, rien ne l’empêchera de divorcer. Tout est manipulation en politique, pensent les assoiffés de pouvoir.
Le sketch de Koutia laisse présager que Si Karim donne à certains journalistes l’espoir de faire partie de ses employés, il pourra tout se permettre et très peu prendront le risque de le critiquer. Les yeux fermés, les oreilles bouchées, ils feront profil bas. Mais s’il forme une équipe trop tôt, les refoulés, frustrés, lui en voudront à mort et ne lui pardonneront rien. Qu’il les contacte donc tous, leur fasse de belles promesses et les laisse poireauter jusqu’en 2012.
Il n’y a pas fumée sans feu, mais osons croire que c’est juste une rumeur. Et, Dieu merci, il y a plein de journalistes intègres et conscients de leur devoir, qui, pour rien au monde, ne se laisseront acheter.

Bathie Ngoye THIAM


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