LES MOTOPOMPES DE KARIM WADE
(Walfadjri, 29 juillet 2009)
Le 22 juillet 2009, l’APS nous apprend que « Karim Wade a offert à plusieurs quartiers de la banlieue dakaroise, 15 motopompes.(…) Des notables de Pikine, Guédiawaye et Thiaroye, les chefs des quartiers et les imams des mosquées visités ont tous salué le geste du ministre d’Etat, ministre de la Coopération internationale, de l’Aménagement du Territoire, des Transports aériens et des Infrastructure sur qui ils « placent un grand espoir pour faire face aux inondations ». Eh oui ! C’est en grande pompe que le fils du président de la République a livré « ses » motopompes aux banlieusards qui pataugent dans les eaux pluviales.
Pourquoi veut-on faire croire aux populations que ces engins sont un cadeau du seigneur Karim ? Les a-t-il achetés avec son salaire ? N’était-il pas plus correct de dire que le ministère de l’Aménagement du Territoire n’acheté que 15 motopompes pour faire face aux inondations ? Ce qui est passé presque inaperçu, c’est qu’au même moment le Conseil régional de Dakar a distribué 34 motopompes d’une valeur de 20 millions de francs Cfa aux 12 communes d’arrondissement les plus touchées par les inondations. Qui oserait dire que c’est El Hadji Malick Gakou, président de ce Conseil, qui les a offerts aux populations ? Personne.
Depuis l’intronisation de la famille Wade en 2000, y a-t-il (à part Idy et ses chantiers de Thiès qui lui ont valu ce qu’on sait) un ministre dont on dit qu’il a réalisé ceci ou cela ? Toute réalisation est celle de Me Wade ou de l’Etat. Dorénavant tout sera mis sur le compte du Prince héritier. On dirait que seuls les Wade sont capables et les autres sont des moins que rien. Dommage que tous les membres du gouvernement ne soient pas des Karim Meissa. Ça nous fait penser à la crise d’Air Sénégal International. On laisse la situation pourrir, puis on nomme Karim ministre et on lui donne les moyens de résoudre le problème. C’est pathétique et bas comme manœuvre. Ce n’est pas ainsi qu’on acquiert l’estime des Sénégalais d’aujourd’hui.
Si l’on dit que Youssou Ndour a offert tant de moustiquaires imprégnées aux populations, c’est correct car il n’est ni ministre ni chef de quartier et rien ne l’oblige à le faire. De plus, c’est avec de l’argent qu’il a gagné à la sueur de son front.
Une chose est sûre : le Ndiomborton a compris que les jeunes de la banlieue sont à contrôler quand on veut régner tranquillement. La France qu’il connait bien en a fait les frais. Une casquette de rappeur vissée sur le crâne, il avait même, en 2008, poussé la démagogie jusqu’à déclarer devant ces gens fatigués : « Je suis très ému d’être aujourd’hui parmi vous, d’être dans ma famille : la banlieue. » Hum ! Il me semble qu’entre Point E et Guédiawaye, il y a des mares de misère que ses yeux de privilégié ne peuvent ou ne veulent voir. Qu’importe. Il a essayé, hélas sans succès.
Ce qu’on attend d’un ministre de l’Aménagement du Territoire et des Infrastructures, doté de tant de moyens, ce sont des canalisations efficaces pour éradiquer à jamais les inondations et non une quinzaine de motopompes qui ne valent même pas 10 millions alors qu’il aurait fait réfectionner son bureau à 687 millions de francs, tout cet argent étant celui des Sénégalais. (Et il ose parler des bureaux climatisés du Parti socialiste.)
On nous répète que c’est un travailleur. Wade-père avait indiqué la voie aux laudateurs avec son fameux : « Je dirai à ta mère que tu as bien travaillé. » On se demande ce qui se serait passé s’il avait mal travaillé car les résultats sont bien maigres. Les éloges dépassent de loin les actions. Mais, « croyant avoir tué le singe », le Prince se ridiculise tout seul. Dans son one-man-show à Walf TV, il dit, pour faire de l’humour : « Monsieur Tanor Dieng devait être là. Il n’est pas là. Peut-être qu’il est coincé dans les embouteillages... » Quelle maladresse et quel aveu d’échec ! Ne lui a-t-on pas appris à tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler ? A-t-il si vite oublié que c’est à lui que son père avait confié des centaines de milliards de nos francs pour résoudre entre autres le problème des embouteillages ?
En tout cas, les Sénégalais doivent savoir d’où vient tout cet argent que l’on gaspille sous leur nez. Il y a beaucoup de dettes. Et ce sera à eux et à leurs enfants de payer.
Bathie Ngoye Thiam