(LE SOLEIL, 31 janvier 2003)
Qu’on dise que vous êtes aussi démunis que les paysans
de Bambey et que vous en êtes réduits à la mendicité,
voilà un grand compliment, n’est-ce pas, pour des gens qui comme
vous, ont tant servi notre nation. Quand on dit de gens ayant votre réputation
et vos contacts qu’ils sont dans le besoin, on ne fait que montrer leur
intégrité. Savoir qu’avec tout ce que vous avez fait,
vous en êtes là, alors que de moins méritants en sont
presque à construire des villas en or, ne fait que montrer votre mérite
au peuple sénégalais qui ne manque pas de gratitude. Combien
en connaissez-vous qui peuvent dire : « J’ai eu le soutien de
Senghor, celui d’Abdou Diouf et celui de Me Wade mais je vis modestement
? »
Pour moi, et je crois pour tant d’autres aussi, le Sénégal
n’est pas votre pays d’adoption ; c’est votre pays tout
court et vous avez contribué à l’édifier.
Quand j’étais au collège, je ne ratais pas une émission
de « LA VOIX DES POETES. » Je vous connais certes bien plus que
je ne connais Mbaye Gana Mbaye, mais je ne crois pas qu’il aie cherché
à vous humilier, bien au contraire, quoique les poètes, parfois,
octroient aux mots des grimaces que ne voit pas le commun des mortels. Mais
il n’y a aucune honte à dire qu’on a oublié des
bien méritants. Ne le prenez pas pour une insulte. Vous êtes
un monument dans notre culture, donc parlez de vous nous aide à avancer.
Vu votre âge et tout ce que vous avez fait pour nous, il serait normal
que nous vous donnions une retraite bien méritée quand bien
même nous aimerions encore et encore bénéficier de vos
services que de toutes les manières vous ne saurez arrêter de
nous rendre, vu que telle est votre nature.
Je pense, très sincèrement, que quand on est à un certain
niveau, on n’a pas à répondre à tous les coups
que l’on reçoit. On dit que « la main qui donne est au-dessus
de celle qui reçoit », mais quand cette première est confondue
à la seconde, ce n’est que grandeur d’âme. Et nous
vous en sommes vraiment reconnaissants, Jacqueline et Lucien Lemoine. Nous
savons qui vous êtes et ce que vous avez fait et continuez de faire
pour nous.
Comme vous avez dit Senghor, « Vous êtes chez vous ! » Le
Sénégal vous donnera encore et encore, sans dire de la part
qui.
Bathie Ngoye Thiam.